Voyage en Arabie est un récit par Lady Anne Blunt du périple qu'elle effectua avec son époux, le poète Wilfrid Scawen Blunt, dans la région du Najd de l'actuelle Arabie saoudite durant l'hiver 1878–1879. Lady Anne (1837–1917), fille du comte de Lovelace et petite–fille de Lord Byron, est non seulement connue en tant que voyageuse aventurière du Moyen–Orient, mais également comme la cavalière et l'éleveuse de chevaux arabes la plus accomplie de son temps. Le livre, initialement publié en 1881 à Londres par John Murray & Sons sous le titre Un pèlerinage au Nejd, fut écrit par Lady Anne et amplement édité par Wilfrid. L'ouvrage présenté ici est la traduction française de Léopold Derôme (1833–1889), qui parut à Paris l'année suivante. Ce livre est l'unique production de Derôme, homme de lettres et bibliophile, ayant trait aux récits de voyages. Bien que Derôme ne voyageât jamais en Arabie, il écrivit une introduction de 68 pages dans laquelle il prétend pénétrer dans la psychologie profonde des Bédouins d'Arabie. En s'inspirant amplement des vues de Lady Anne et de Wilfrid Blunt, il écrit que « l'Arabe du désert est emblématique de sa race, le père et le chef de la ville arabe […], c'est–à–dire noble et de sang pur ». Durant leur voyage, les Blunt accompagnèrent les tribus nomades du Najd de l'Arabie du Nord, jusqu'à Bagdad. Ils séjournèrent avec la tribu des Al Rachid dans leur capitale fortifiée d'Haïl. Les Al Rachid étaient les rivaux traditionnels du clan des Saoud, partisans du mouvement islamique wahhabite. Wilfrid Blunt offrit même à un moment donné de servir auprès de l'émir al-Rashid comme ambassadeur pour l'Europe. À chaque étape du voyage, Lady Anne commente l'excellence des chevaux qu'elle rencontra et teste ses montures lors d'excursions de chasse. Le livre fut illustré par Gaston Vuillier (mort en 1915), artiste et illustrateur prolifique qui travailla pour différentes maisons d'édition et journaux parisiens. Pour ses dessins, il s'appuya sur les croquis et les descriptions de Lady Anne. Charles Barbant (mort en 1922), dont l'atelier était souvent utilisé par les principaux éditeurs français, fournit les planches gravées. La traduction inclut une carte spécifiquement préparée pour cette édition, des tableaux généalogiques des tribus Al Rashid et Saoud, ainsi que des annexes sur l'histoire de la secte wahhabite et les conditions géophysiques de l'Arabie du Nord. Elle ne contient pas les commentaires de Wilfrid Blunt dans les notes de fin sur les chemins de fer de la vallée de l'Euphrate ou de Lady Anne sur « notre campagne persane », disponibles dans l'édition d'origine anglaise.